En 2003, la ville de Cobalt, dans le nord de l’Ontario, soulignera le 100e anniversaire de la découverte de fabuleux gisements d’argent dont la mise en valeur continue d’avoir des retombées sur l’économie canadienne tout entière. En reconnaissance de l’impact fantastique des découvertes faites il y a de cela un siècle, le gouvernement fédéral a désigné le camp minier de Cobalt comme District de conservation du patrimoine et qualifié la communauté de « ville la plus historique d’Ontario ».

Comme riche source d’argent, la région de Cobalt était un chef de file mondial, produisant la quantité phénoménale de 460 millions d’onces. Cela représente environ deux milliards de dollars américains d’argent aux prix d’aujourd’hui. Durant l’année la plus productive de Cobalt, soit en 1911, 34 mines ont généré quelque 30 millions d’onces d’argent.

Les découvertes faites à Cobalt ont entraîné une longue vague de croissance dans l’industrie minère canadienne. Les prospecteurs et les capitaux issus des découvertes argentifères de Cobalt ont aussi confirmé l’énorme richesse minérale du bouclier précambrien du Canada. La croissance de l’industrie minière canadienne a, à son tour, établi les fondements à la fois techniques et financiers qui ont permis de faire de l’industrie un chef de file mondial présent sur tous les continents.

James H. McKinley et Ernest J. Darragh étaient des entrepreneurs fournissant du bois d’œuvre pour la construction du chemin de fer à travers la dense forêt du nord de l’Ontario. Le 7 août 1903, les deux partenaires marchaient le long de l’emprise ferroviaire, scrutant la forêt pour trouver des arbres qui pourraient être transformés en traverses de chemin de fer. En passant par une tranchée rocheuse, ils ont aperçu une tache rose dans le roc qui a immédiatement piqué leur curiosité. Ils se sont arrêtés et ont ramassé quelques roches détachées de la paroi pour se rendre compte qu’elles étaient exceptionnellement lourdes. Après les avoir rapidement rinsées dans un cours d’eau qui se trouvait tout près, ils ont mordu dans les paillettes métalliques noircies et constaté qu’elles étaient malléables. McKinley et Darragh ont judicieusement envoyé leurs échantillons de roches à des spécialistes d’Ottawa et de Montréal pour les faire examiner. Le « spécialiste » d’Ottawa a déclaré qu’il s’agissait de bismuth, tandis que celui de Montréal a déterminé qu’il s’agissait d’argent natif, évaluant la concentration à 4 000 onces par tonne de minerai! La coloration noire du métal mou était en fait de l’argent terni.

La seconde découverte d’argent à Cobalt a suivi quelques semaines plus tard, à la mi-septembre. Fred LaRose était un forgeron qui affûtait les mèches de perçage pour les constructeurs du chemin de fer. Il avait déjà travaillé dans des mines au Québec. LaRose avait conclu un partenariat à part égale avec son employeur, au cas où son œil de prospecteur repérerait des minéraux intéressants. LaRose remarqua lui aussi la roche rosée et en préleva un échantillon, croyant qu’il s’agissait de cuivre. L’échantillon fut envoyé à Toronto où on détermina que la roche avait une forte teneur en nickel.

Fort heureusement pour Cobalt, pour le Canada et pour l’industrie minière, le célèbre Willett G. Miller – le tout premier géologue provincial à temps plein qui venait d’être nommé à ses fonctions par le gouvernement de l’Ontario – donna suite à l’analyse qui avait révélé la présence de nickel en se rendant sur place dans le district. Miller constata que LaRose avait découvert quatre filons. Trois de ces filons contenaient de l’argent natif massif dont des blocs « aussi gros que des couvercles de poêle ou des boulets de canon », selon ses dires. La coloration rose de la roche, qu’on avait à tort identifiée comme du nickel, était en fait de l’érithrite, ou « fleur de cobalt ».

Un Canadien-français qui travaillait à la construction du chemin de fer pria le géologue d’examiner un filon qu’il avait trouvé dans la paroi d’une falaise. Dans son rapport, Miller indiqua qu’« il y avait de l’argent en abondance au pied de la falaise ». Le gisement découvert par Hébert devint la mine d’argent la plus riche du camp minier de Cobalt et une des plus productives au monde. Nommée affectueusement « Big Nip », cette mine produisit plus de 91 millions d’onces d’argent durant ses quarante.

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