De la découverte de la faille Kirkland Lake où sept mines d’or ont été mises en production, jusqu’au lancement du quotidien The Globe and Mail, William Wright a joué un rôle important dans l’histoire du monde des affaires au Canada. La mine Wright­Hargreaves était l’une des plus grandes du siège minier de Kirkland Lake, avec une production de près de cinq millions de tonnes d’or, et ses profits ont servi à bâtir une grande société minière détenant des intérêts partout au Canada.

M. Wright est né en Angleterre, et il est arrivé au Canada en 1907, après avoir combattu durant la guerre des Boers. Il s’est dirigé vers le Nord où il a exercé plusieurs métiers avant de se lancer en prospection, aux sièges miniers de Cobalt et de Porcupine. Il était pauvre comme Job lorsqu’il arriva, en compagnie de son beau frère Ed Hargreaves, dans la région de Kirkland Lake où il y avait déjà eu une ruée peu fructueuse pour tenter de trouver de l’or. Les deux hommes passèrent autant de temps à chasser pour se nourrir qu’à chercher une terre prometteuse à jalonn

En juillet 1911, M. Wright trouva par hasard un affleurement de quartz et, en dépit du fait que c’était presque la brunante, il y observa clairement de l’or natif dans un porphyre de feldspath rougeâtre. Trois claims furent jalonnés, dont deux se trouvaient directement sur la faille principale de la région. Cette découverte initiale fut la première découverte riche qui permit d’établir le siège minier de Kirkland Lake. Durant les semaines qui suivirent, les partenaires jalonnèrent d’autres claims. Homme marié, M. Hargreaves vendit ses parts dans ces claims presque immédiatement. Pour sa part, M. Wright était célibataire et il conserva les siennes, ce qui mit fin au partenariat.

Comme c’était le cas de la plupart des prospecteurs prospères de son époque, M. Wright avait le don troublant de jalonner les bons endroits. Il eut aussi le courage et la détermination de garder ses claims et d’y travailler pendant une période de cinq ans, malgré le manque de ressources financières et, bien souvent, la rigueur du climat. Sur les terres jalonnées par M. Wright, on aménagea éventuellement trois mines Sylvanite, Lakeshore et Wright Hargreaves qui produisirent au total 13,5 millions d’onces d’or. La mine Sylvanite fut cependant vendue à Harry Oakes qui voulait ajouter un des claims de M. Wright à sa concession Lakeshore. M. Wright eut la prévoyance d’échanger son claim contre des actions et la vice présidence de l’entreprise. La mine qui valut à Wright sa renommée est celle qui porte son nom, soit la mine Wright Hargreaves.

Malgré les nombreuses difficultés et la tentation, par moments, de vendre ses claims pour obtenir de l’argent rapidement, M. Wright conserva sa concession même durant les années de guerre.

En 1916, alors qu’il approchait la quarantaine et qu’il était millionnaire, M. Wright se joignit à l’armée canadienne et servit outre mer jusqu’à la fin de la guerre. Il s’était enrôlé à titre de soldat, et il resta soldat par choix, refusant plusieurs possibilités d’avancement. À son retour, il fit de la mine Wright Hargreaves une des plus importantes mines d’or au Canada, qui fut en opération de 1921 à 1965.

En 1936, M. Wright fonda le quotidien The Globe and Mail, qui devint le journal national du Canada. Durant ses dernières années, il se retira des feux de la célébrité pour s’adonner à l’élevage des chevaux et au travail communautaire, tout en gardant l’oeil ouvert sur l’industrie minière canadienne.

On dit que M. Wright a conservé, jusqu’à sa mort, un sac à dos et une trousse de prospecteur dans le placard de sa chambre à coucher, dans sa résidence de Barrie. On dit également que la fortune n’a pas réellement changé cet homme, ni sa nature, car il savait que si un jour il perdait tout, il n’aurait qu’à retourner dans le bois.

DÉCOUVRIR

<i class="dfd-added-font-icon-right-open"></i>